Préambule
L’épidémie qui a frappé la RDC, dans les provinces du Nord Kivu et de l’Ituri depuis Août 2018 était la dixième au niveau national et, était l’une des plus importantes, provoquée par le virus Ebola. Le Ministère national de la Santé Publique de la RDC a notifié l’Organisation Mondiale de la Santé, en date du 1er août 2018, d’une épidémie de la maladie à virus Ebola dans la zone de santé de Mabalako, dans la province du Nord Kivu avec comme épicentre la localité de Mangina, voisine de la province de l’Ituri. Le cas qui a réveillé l’attention des autorités sanitaires est celui d’une dame âgée de 65 ans, habitant le quartier Masimbembe dans la cité de Mangina, admise le 19 juillet 2018 au Centre de Santé de Référencede Mangina pour cardiopathie.
Résumé
La gestion de l’épidémie d’Ebola dans les provinces du Nord Kivu et de l’Ituri était une problématique d’actualité, qui avait suscité beaucoup d’entrain surtout du point de vue des approches. L’épidémie d’Ebola à l’Est de la République Démocratique du Congo a soulevé avec acuité la problématique de la dominance des approches biomédicales qui, finalement bien qu’une crise de santé publique se soit avérée être une véritable crise sociale touchant avec ampleur les provinces du Nord Kivu et de l’Ituri.
L’organisation non gouvernementale PPSSP active dans la promotion de la santé dans la partie Est de la RDC a contribué dans la lutte contre Ebola dans ces deux provinces touchées. En début d’épidémie, le PPSSP a identifié à travers un diagnostic communautaire, des facteurs de méfiance et/ou de réticence des populations face aux intervenants humanitaires pour ainsi mettre en place des stratégies concrètes de riposte. Ces stratégies ont facilitéle PPSSP à ramener ses projets vers les résultats à travers ses activités de prévention et de promotion de la santé d’une part et de partenariat de résilience d’autre part. Avec l’appui de partenaires nationaux et étrangers, les actions du PPSSP, détaillées ci-bas ont couvert une période d’une année et demi soit du 1eroctobre 2018 en juillet 2020.
Les contributions du PPSSP dans la lutte contre Ebola se résument dans les lignes qui suivent :
Primo : Organisation de diagnostic communautaire pour la bonne gestion de l’épidémie d’Ebola
Faisant partie de recherche-action, le diagnostic communautaire a permis au PPSSP d’identifier les principaux problèmes au sein des communautés touchées par Ebola et ceci avec sa participation afin de mobiliser les ressources pour résoudre les problèmes d’Ebola. En effet, officiellement survenu en Aout 2018, quoique ses prémices y remontent à juillet 2018, Ebola s’est « exporté » dans les deux provinces, accentuant la psychose d’une catastrophe sanitaire. A travers le diagnostic communautaire organisé ; le PPSSP a identifié les facteurs et les scènes de défiances envers l’existence de la maladie et les causes même des attaques répétées contre les véhicules des intervenants humanitaires, (personnels nationaux et internationaux). Ceci a confirmée qu’Ebola dans les provinces du Nord Kivu et de l’Ituri était bien, une crise sociale et sanitaire. Il faut également remarquer qu’au fur et à mesure de l’évolution de l’épidémie et de sa gestion, les formes de résistances et réticences des populations avaient également connu une certaine évolution. Les résultats du diagnostic ont aussi montré, qu’en plus de la prise en charge médicale de cas, d’autres chantiers notamment les composantes sociales et culturelles du nord Kivu et de l’Ituri devraient être pris en compte par les intervenants en début de l’épidémie ; il s’agissait du respect de la tradition locale : l’enterrement traditionnel respecté, hommage à la victime décédée, collaboration communautaire, (…). Ces informations trouvées ont permis à PPSSP d’asseoir de bonnes stratégies pour implémenter ses projets de lutte contre Ebola dans les provinces du Nord Kivu et de l’Ituri.
Secundo : Organisation des activités de promotion de la santé dans les communautés touchées
La promotion de la santé est un processus qui vise à rendre l’individu et la collectivité aptes à exercer un meilleur contrôle sur les facteurs ou les déterminants de la santé. Cette promotion sanitaire a été reconnue par le PPSSP comme l’une des armes, la plus efficace pour vaincre Ebola dans les provinces du Nord Kivu et de l’Ituri. Des activités phares de la promotion de la santé mises en place par le PPSSP sont les suivantes : (i) la création des environnements favorables à la santé dans les communautés touchées, (ii) le renforcement des actions communautaires et (iii) le développement des aptitudes individuelles.
- Par rapport à la création des environnements favorables à la santé ; le PPSSP a mis l’accent sur l’amélioration du milieu de vie des populations en rendant disponible l’eau potable pour la boisson et le lavage régulier des mains, en construisant de latrines, douches et en rendant disponible les outils d’assainissement dans les milieux exposés aux contaminations (écoles, églises, marchés, hôpitaux, aéroport, parking, etc)
- Par rapport au renforcement des actions communautaires ; le PPSSP a travaillé avec ces communautés touchées et/ou exposées dans la fixation des priorités à prendre pendant l’épidémie et dans l’élaboration des stratégies de planification pour avoir un meilleur niveau de santé pendant la période de l’épidémie. Ces communautés touchées ont été organisées en groupe de sensibilisation par le PPSSP et des éducations pour la santé ont été faites en grande envergure dans les zones à risques.
- Par rapport au développement des aptitudes individuelles ; le PPSSP a soutenu le développement individuel et collectif en offrant des informations nécessaires à l’amélioration et au maintien de la santé, en assurant l’éducation pour la santé et en augmentant les aptitudes des populations à l’autonomie pendant l’épidémie d’Ebola. Des sensibilisations tous azimut ont été réalisées pour permettre aux gens d’exercer un plus grand contrôle sur leur propre santé pendant l’épidémie.
Tertio : Organisation des activités de prévention de l’épidémie d’Ebola
« Mieux vaut prévenir que guérir » est la devise du PPSSP. C’est dans ce cadre que le PPSSP s’est aussi focalisé dans les activités de prévention contre Ebola. Pour des communautés qui n’étaient pas encore touchées, le PPSSP précédait et empêchait la menace de l’Ebola. C’est de cette façon que trois types d’activités de prévention avaient été mis en place, il s’agit de :
- La prévention primaire contre Ebola : le PPSSP s’est attelé à sensibiliser les populations sur des actes destinés à diminuer l’incidence d’Ebola. Il s’agissait plus des actes relatifs aux facteurs de risques et aux conditions associées. Les cibles pour cette activité étaient les populations saines, sans Ebola.
- La prévention secondaire contre Ebola :Les activités réalisées dans ce volet portaient sur tous les actes destinés à réduire la prévalence d’Ebola donc à réduire sa durée d’évolution dans les zones touchées. Ici les sensibilisations se faisaient dans le sens d’orientation et de diagnostic de malades suspects.
- La prévention tertiaire contre Ebola : Les activités ont été axées sur les actes pouvant diminuer la prévalence des incapacités chroniques ou de récidives. Il s’agissait plus d’une sensibilisation dans les communautés sur les limitations des conséquences de la maladie sur la vie sociale.
Quarto : Consolidation de partenariat de résilience pour la gestion d’Ebola dans les communautés touchées.
Toutes les grandes agglomérations des provinces du Nord Kivu et de l’Ituri étaient touchées par Ebola, mais l’impact était plus grand sur les agglomérations fragiles en raison d’un manque de résilience. Le PPSSP ayant identifié que la propagation d’Ebola dans les deux provinces, est un exemple des lacunes dans les préalables de la résilience et c’est ce qui a engendré des difficultés dans sa gestion. Pendant la crise, les intervenants ont affirmé qu’il importe que ces deux provinces, puissent renforcer la gestion de l’épidémie et clarifier le rôle de tout un chacun afin de mieux coordonner la réponse ; car des faiblesses dans toutes les dimensions se faisaient enregistrées. Pour ce fait, des accords de partenariat avec les autres intervenant se sont noués et le PPSSP s’est vu être membre actif dans la lutte contre Ebola dans les provinces du Nord Kivu et de l’Ituri aux côtés des autres intervenants et de la coordination des affaires humanitaires (UNOCHA) dans les deux provinces.
En conclusion, connaissant que l’amélioration de la santé des communautés passe avant tout par la modification de leur mode de vie ou de leur environnement physique et social ; le PPSSP à travers ses activités de prévention et en collaboration avec les leaders communautaires a mis en place des dispositifs susceptibles de rendre la population des deux provinces plus résilientes pour l’avenir.
Auteurs :
- Sikuli B. Micheline : Directrice Exécutive du PPSSP asbl
- Gabriel Moliso : Chef de Departement de Recherche et Communication du PPSSP